écrits politiques
L’aveuglement du journal Le Monde et du Monde diplomatique épinglé
Le Monde diplomatique de janvier consacre un article au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) à la suite d’ "acquittements douteux" qui confirmeraient "le doute qui pèse sur l’impartialité de cette juridiction".
L’auteur de l’article du Monde diplomatique, Jean-Arnault Dérens, cite une historienne serbe "anti-nationaliste" qui fait part de sa consternation :
L’historienne Dubravaka Stojanovic, figure de référence des milieux antinationalistes, explique : « Je suis vraiment désolée que le TPIY se soit conduit de façon si frivole. Cette institution représentait une chance de parvenir à comprendre les événements de ces guerres. Or le TPIY a désormais perdu sa crédibilité et rendu impossible toute chance de réconciliation dans la région . »
Pour ma part, je suis vraiment désolé que le Monde Diplomatique se soit conduit pendant tant d’années de façon si "frivole" vis à vis du TPIY, un tribunal inique auquel ce journal n’avait jamais reproché jusqu’à présent que quelques "incohérences" dans l’acte d’accusation de Milosevic (cf. http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/kosovo/samary0701).
Marc-Antoine Coppo
Nice, le 2 janvier 2013
Lettre de Marc-Antoine Coppo parue dans Le Monde du 8 décembre 2012
En acquittant coup sur coup le général croate Ante Gotovina et le milicien albano-kosovar Ramush Haradinaj, les juges de La Haye ont achevé de décrédibiliser le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).
Traditionnel soutien du tribunal et de sa « justice internationale » [1], Le Monde reconnaît à présent que ses jugements n’ont réconcilié personne dans les Balkans et qu’ils ont, au contraire, « bunkérisé » les mémoires et conforté les positions nationalistes dans tous les pays concernés (Le Monde du 1er décembre).
Autrement dit, ce que les détracteurs les plus lucides du TPIY lui reprochaient il y a déjà plus de dix ans s’est finalement avéré exact ! Désormais, il ne reste plus au Monde qu’à admettre l’idée que ce tribunal aura davantage servi à la justification a posteriori des interventions armées occidentales en ex-Yougoslavie qu’à la délivrance d’une véritable justice équilibrée et impartiale.
Marc-Antoine Coppo
Nice, le 8 décembre 2012
[1] Voir l’entretien, daté de 2006, accordé par Jacques Verges à la journaliste indépendante Silvia Cattori : http://www.silviacattori.net/article141.html