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Ouvrir les yeux
Une volonté d’être utile

Robyn, 48 ans, originaire des Etats-Unis, est venue en Israël pour visiter la ville sainte. Le hasard a voulu qu’elle y rencontre des internationaux qui eux se rendaient en Palestine pour apporter leur soutien aux Palestiniens que l’Etat hébreu persécute.

15 décembre 2003 | - : Israël Palestine


(palestine-info.com)

C’est ainsi que cette femme élégante a quitté le luxe de l’hôtel King David, et se rendre à Naplouse.

Si on lui avait dit qu’elle irait un jour dans un « camp » de réfugiés palestinien, elle ne l’aurait pas cru. Elle en est ressortie transformée. Son regard sur Israël a radicalement changé.

Dès son premier contact avec ces soldats -portant pour certains la kippa- qui maltraitaient les Palestiniens, sa vie a basculé. Ses yeux se sont ouverts sur une réalité qu’elle ne pouvait pas imaginer.

(palestine-info.com)
Au check point d’Howara, en voyant la longue file de Palestiniens qui attendaient en silence et se pliaient docilement aux ordres les plus aberrants, Robyn ne cessait de répéter : "Ces colonnes de gens me font penser aux juifs de l’holocauste. Les Israéliens font aux Palestiniens ce que les Allemands ont fait aux juifs"

Apercevant une soldate qui fouillait une jeune palestinienne de façon agressive et humiliante, Robyn est intervenue pour lui demander de la laisser partir. La soldate l’a dévisagée avec mépris.

Robyn s’est alors approchée de trois soldats qui n’avaient pas plus de 19 ans et qui, eux aussi, étaient en train de brutaliser des Palestiniens. Parmi les soldats, elle a repéré le sergent, qui s’est montré tout de suite menaçant.

Quand elle lui a dit qu’elle aimait "les juifs", que toute sa famille était juive, que son pays aidait Israël, mais qu’elle n’acceptait pas que "des juifs se conduisent de la sorte avec des non juifs", il a accepté le dialogue.

- "Mais de quel droit les martyrisez-vous ? Ils sont chez eux".
- "C’est notre terre" a répondu le soldat sarcastique.

- "Qui a dit ça ?"
- "La Bible"

- "C’est un livre ancien. Vous devez la partager avec les autres cette terre"
- "Dieu nous l’a donnée. Si les Indiens veulent ta terre, tu la leur donnes ?"

- " C’était une grande erreur. Vous n’allez pas faire les mêmes erreurs que les Américains"
- "On fait aux Palestiniens ce que les Américains font aux Irakiens" ricanait-il.

- "Dans le monde on vous déteste. Vous êtes de plus en plus haïs"
- "Tu me déranges. Si tu ne pars pas j’appelle la police"

Elle n’est pas partie. Elle n’avait pas peur. Elle avait l’avantage d’être de confession juive et de posséder, au surplus, le passeport américain.

Elle aurait pu passer sans montrer son indignation. Elle a pris le parti de la justice, d’utiliser ses privilèges pour défendre là où elle se trouvait, les Palestiniens qu’elle découvrait si injustement écrasés.

Il y avait là, un militaire - le teint violet, la cinquantaine bouffie – qui s’est présenté comme le Major Ofal, ou Ofer, et qui se vantait d’être, lui, humain et d’avoir été placé là pour contenir au besoin la troupe dans « certaines limites ». (Nous avons appris plus tard que cet Ofal ou Ofer, était un homme caractériel pervers et très cruel, tortionnaire à ses heures.)

Pendant que Robyn lui assénait tout ce qu’elle pensait de ces soldats « juifs » qui maltraitaient les Palestiniens, des centaines de Palestiniennes qui attendaient depuis des heures sous la pluie, portant sacs, enfants, bagages, ont profité de ce flottement, et s’en aller sans encombre.

Chaque jour, des jeunes voyageurs, en route vers l’Orient, font une escale à Jérusalem. Ils vont de préférence dans la partie arabe de la ville sainte. Là, ils rencontrent d’autres jeunes qui reviennent de Naplouse ou de Jénine avec le sentiment d’avoir voyagé "utile" et d’avoir découvert une vérité que les médias leur cachent. Ils découvrent que le « fanatisme juif » est tout aussi répugnant que n’importe quel fanatisme ; et que les Arabes, les Musulmans, les Palestiniens sont des êtres de nature pacifique et amicale, et que les soldats de Tsahal eux sont venus là semer la haine, le désordre, l’insécurité.

En quelques jours de voyage en Palestine, ces jeunes - que les mensonges de l’Etat d’Israël et de ses alliés auraient laissés dans la confusion et la désinformation, comme des générations de jeunes avant eux - comprennent cette chose simple : que l’Etat d’Israël fait la guerre avec des avions de chasse et des chars à des populations innocentes, à des enfants, à un peuple qui n’a ni Etat ni armée pour se défendre.

Il y a là un espoir. L’espoir que, grâce à la venue de voyageurs ouverts à la réalité et à la diversité, grâce à la sympathie qui s’établit entre eux et les populations arabes qu’Israël cherche à délégitimer, les citoyens du monde parviennent à une meilleure compréhension de ce qui se passe ici à l’insu du monde.

Silvia Cattori