Un observateur américain analyse ici le rôle néfaste de Laurent Fabius dans l’échec des négociations de Genève avec l’Iran. Les manœuvres de Fabius sont à situer dans le contexte d’une diplomatie française guerrière initiée en 2007 par le couple Sarkozy/Kouchner. Une diplomatie agressive, sur fond d’affinités tribales - calquée sur la propagande et la logique de guerre de Tel Aviv - qui vise à maintenir une situation de confrontation permanente avec l’Iran et ses alliés. [SC]
La France a été un important agent de la prolifération nucléaire au Moyen Orient. Alors qu’elle a travaillé et continue à le faire pour permettre à certains pays de produire des armes atomiques, elle prétend s’opposer à toute capacité nucléaire civile à d’autres.
« Le 3 octobre 1957, la France et Israël ont signé un accord appelant la France à construire un réacteur de 24 MW (quoique les dispositifs de refroidissement et de traitement des déchets aient été conçus pour trois fois cette puissance) et, dans des protocoles non rendus publics, une installation de retraitement chimique. Ce complexe a été construit en secret, hors du régime d’inspection de l’AIEA, par des techniciens français et israéliens à Dimona dans le désert du Néguev, sous la supervision du colonel de l’armement israélien Manes Pratt ».
Saudi Gazette, 3 octobre 2013
La France prête à être le partenaire stratégique du royaume d’Arabie Saoudite dans les domaines du nucléaire et des énergies renouvelables
« S’exprimant devant la Saoudi Gazette, l’ambassadeur de France auprès du royaume a déclaré « l’objectif de cette rencontre est très clair. La France a été le premier pays a signer un accord d’Etat à Etat sur le nucléaire et l’énergie parce que nous pensons qu’il faut prendre en compte le vaste programme que le gouvernement saoudien veut lancer dans le domaine nucléaire et que la France a beaucoup à apporter en terme d’excellence dans la technologie nucléaire au niveau mondial. »
France 24
Hollande soutient Israël sur la menace nucléaire iranienne
« Benjamin Netanyahou a exhorté la France a adopter une position de fermeté sur l’Iran ; le président François Hollande a parlé au téléphone avec le premier ministre Israélien et a promis le soutien de la France. »
The Guardian, 10 novembre 2013
Les discussions de Genève se terminent sans accord sur le programme nucléaire iranien
« Trois jours éprouvants de diplomatie au plus haut niveau à Genève se sont achevés sans accord sur le programme nucléaire iranien, suite au blocage par la France sur un accord intérimaire visant à réduire les tensions et à donner plus de temps aux négociations.
…
Les diplomates participant aux discussions étaient furieux du rôle joué par le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius qu’ils ont accusé de briser l’unité des rangs en révélant des détails sur les négociations dès son arrivée à Genève samedi matin, puis d’avoir enfreint le protocole en présentant les résultats à la presse avant l’arrivée d’Ashton et de Zarif à la conférence de presse de clôture. »
Un accord provisoire à Genève aurait été la première étape pour un accord plus global sur le nucléaire permettant à l’Iran de revenir dans le concert des nations. Cet accord aurait été le point de départ de la « bascule vers la Perse » par laquelle les Etats Unis auraient compensé leurs relations difficiles avec Israël et l’Arabie saoudite grâce à des relations amicales avec l’Iran. Sans un tel rééquilibrage au Moyen Orient, les Etats Unis seront financièrement et militairement incapables d’exécuter leur plan de recentrage vers l’Asie.
La France a fait capoter un accord historique et, malgré les signaux précédemment envoyés par la France, les autres pays « occidentaux » engagés dans les négociations n’étaient pas préparés et leurs ministres des affaires étrangères ont été incapables de gérer l’intransigeance française. Cette désunion à l’intérieur du groupe des P5+1 qui négocie avec l’Iran va entraver toute négociation ultérieure. Avec qui l’Iran peut-il négocier s’il n’y a pas d’opposition unie ?
L’impasse actuelle donne au Congrès des Etats Unis, et aux laquais de Netanyahou en son sein, une occasion d’infliger de nouvelles sanctions à l’Iran en les adjoignant au National Defense Authorization Act qui doit être voté d’ici quelques semaines.
Mais la désunion des P5+1 est, au moins à court terme, positive pour l’Iran. Personne ne peut l’accuser de ne pas vouloir négocier et de ne pas chercher activement un compromis. Les sanctions que le Congrès va adopter seront des sanctions sur les parties tierces qui « puniront » les pays pour leur commerce avec l’Iran. Comme il est évident que ce n’est pas l’Iran qui fait obstacle à un accord, ces pays tiers seront peu disposés à se conformer à un tel diktat du Congrès US. Le régime des sanctions va donc se déliter. Lentement d’abord, puis de plus en plus vite.
Il est douteux que la France, l’Arabie Saoudite et Israël puissent bloquer un accord avec l’Iran pendant plus d’une année. Il y a une logique historique dans le basculement des Etats Unis, et de « l’Occident » en général, vers la Perse ; un tel repositionnement leur permettrait de se détacher de leur « alliés » volatiles actuels au Moyen Orient. La réaction hostile de l’opinion américaine à la tentative de lancer une guerre contre la Syrie indique que des changements historiques dans les alliances actuelles sont inévitables.
Moon of Alabama (USA)
10 novembre 2013.
Traduit de l’anglais par Djazaïri :
http://mounadil.wordpress.com/2013/11/10/echec-des-negociations-avec-liran-le-role-de-la-diplomatie-francaise-dans-la-strategie-sioniste/
Texte original en anglais :
http://www.moonofalabama.org/2013/11/france-blocks-us-pivot-to-persia.html