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Un article de Rainer Hermann
Le massacre de Houla perpétré par la rébellion syrienne

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11 juin 2012

Lors d’un massacre dans le village de Qubair près d’Hama en Syrie, au moins 55 personnes ont été tuées. Des activistes des comités de coordination locaux ont déclaré que le nombre des victimes s’élevait à au moins 86. Parmi elles, 18 sont des femmes et des enfants. Plusieurs ont brûlé dans leurs maisons ou ont été poignardées avec des couteaux. La plupart des victimes appartenaient à une même famille. Pendant que les rebelles accusaient les milices fidèles au régime d’un crime de sang, la télévision d’Etat rendait un "groupe terroriste" responsable du massacre.

Les observateurs des Nations-Unies stationnés à Hama ont voulu visiter le hameau de Qubeir jeudi. Les observateurs des Nations-Unies ont signalé que l’armée syrienne les empêchait d’accéder à Qubeir. Le chef des observateurs des Nations-Unies, le général Robert Mood, a aussi déclaré que des civils arrêtaient les observateurs. On leur a expliqué que leur sécurité ne serait pas garantie si ils devaient entrer dans le village. Plus tard le secrétaire général des Nations-Unies Ban Ki-Moon a déclaré devant l’Assemblée plénière des Nations-Unies à New York, que les observateurs avaient été la cible de tirs. Il a qualifié le massacre de "choquant et répugnant" et a déclaré que le président syrien Bachar al Assad avait perdu "toute légitimité".

Le massacre ressemble au premier coup d’œil à celui de Houla le 25 mai dernier au cours duquel 108 personnes ont été tuées. Les opposants syriens qui vivent dans la région ont pu, les jours passés, reconstituer le déroulement vraisemblable des faits dans Houla en raison de témoignages crédibles. Leur résultat contredit les affirmations des rebelles qui avaient rendu responsables des faits les milices Schabiha proches du régime. [Ces opposants] doivent avoir agi sous la protection de l’armée syrienne. Parce qu’en fin de compte les opposants qui refusent l’utilisation de la violence se font assassiner ou tout au moins sont menacés, ceux-ci ne veulent pas que leurs noms soient cités.

Le massacre de Houla s’est produit après la prière du vendredi. Les combats se sont déclenchés au moment où les rebelles sunnites ont attaqué les 3 postes de contrôle de l’armée syrienne autour de Houla. Les postes de contrôle ont la tâche de protéger les villages alaouites contre des attaques qui proviendraient des alentours de Houla à majorité sunnite.

Les rebelles ont reçu 300 millions de dollars

Un poste de contrôle d’une rue attaquée a appelé au secours des unités de l’armée syrienne à 1500 mètres de là, qui occupent une caserne, laquelle a immédiatement envoyé des renforts. Au cours des combats autour de Houla qui doivent avoir duré 90 minutes, des douzaines de soldats et rebelles ont été tués. Pendant les combats, les trois hameaux du village de Houla ont été coupés de l’extérieur.

D’après les indications des témoins oculaires, le massacre s’est produit à ce moment-là. Auraient été tués presque exclusivement des familles des minorités alaouites et chiites de Houla, dont la population est à plus de 90% sunnite. C’est ainsi qu’ont été massacrés plusieurs douzaines de membres d’une famille qui se serait convertie au cours des années passées de l’Islam sunnite à l’Islam chiite. Ont été également tués des membres éloignés de la famille alaouite Shomaliya, et la famille d’un député sunnite du parlement considéré comme collaborateur. Juste après le massacre, les responsables auraient filmé leurs victimes, les auraient décrites comme des victimes sunnites et auraient répandu les vidéos sur Internet. Des représentants du gouvernement syrien ont certes confirmé cette version, mais il faut tenir compte du fait que le gouvernement s’est engagé à ne pas parler en public des alaouites ni des sunnites. Le président de la République Bachar al Assad appartient aux Alaouites, l’opposition est portée principalement par la majorité de la population qui est sunnite.

Entre-temps, les hommes d’affaires syriens vivant à l’étranger ont ouvert dans la capitale qatarie de Doha un fonds doté de 300 millions de dollars pour le financement de l’opposition syrienne et des rebelles. Mustafa Sabbagh, le président du Businessforum syrien en exil, a inauguré le fond. Wael Merza, le secrétaire général du conseil national de l’opposition syrienne, a déclaré que la moitié de la somme avait déjà été affectée, en partie à l’armée syrienne libre.

Le ministre des affaires étrangères russe Sergeï Lavrov a proposé cependant la convocation d’une conférence internationale sur la Syrie à laquelle tous les pays qui ont de l’influence sur les acteurs en Syrie devraient participer. Le cercle devrait dépasser celui des pays qui se sont réunis au sein des "amis de la Syrie", a déclaré Lavrov. Car ce groupe soutient seulement les "exigences radicales" du Conseil national syrien. Concrètement, Lavrov, à côté des membres du conseil de sécurité des Nations-Unies, de l’UE et de la ligue arabe, a aussi nommé la Turquie et l’Iran. Le but devra être de mettre en application le plan d’Annan "correctement et sans ambiguïtés".

Rainer Hermann, Damas
Frankfurter Allgemeine Zeitung, 7 juin 2012.

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