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Israël a infiltré et contrôlé avec succès toutes les instances palestiniennes
Gaza : « Le peuple palestinien en a assez des traîtres »

Omar, un résidant de Gaza témoigne.

Il dénonce notamment le rôle de Rashid Abou Shabak, chef de la Sécurité préventive, ainsi que de Mohammed Dahlan, dans l’assassinat, le 31 mars 2006 à Gaza, d’Abou Youssef Al Qouqa, chef des brigades Salah Ed Deen, la branche armée des Comités de Résistance populaire soutenus par le Hamas.

Silvia Cattori : Qu’est-ce qui vous fait le plus souffrir en ce moment ?

Omar : Ce dont l’on souffre le plus est le bruit des tirs de canons et des bombes assourdissantes qui explosent toute la nuit et aussi toute la journée dans cette partie qu’Israël appelle « No go zone », située au nord Gaza.

Silvia Cattori : Les nouvelles autorités font-elles appel à l’Union européenne, quand vous subissez des agressions, pour exiger d’Israël qu’il cesse de vous faire souffrir ?

Omar : Nos autorités ont déjà fait des milliers d’appels à la communauté internationale, aux Etats-Unis, à l’Europe ; en vain. Et maintenant que l’on est qualifié comme étant un peuple « terroriste », pour avoir voté en faveur du Hamas, personne ne voudra plus même parler avec nous.

Silvia Cattori : Comment la population vit-elle cette situation ? Finira-t-elle par se retourner contre ces autorités du Hamas que le monde veut isoler ?

Omar : Non je ne crois pas. Jamais. Jamais.

Silvia Cattori : Que s’est-il passé exactement ce vendredi 31 mars à Gaza ?

Omar : Une voiture piégée a explosé au moment où le véhicule d’Abou Youssef Al Qouqa, le chef des brigades Salah Ed Deen, passait. Son assassinat a été suivi de graves incidents.

Silvia Cattori : Ce n’était donc pas une attaque aérienne israélienne ?

Omar : Cet assassinat s’est déroulé de la même façon que l’assassinat d’un chef du Djihad, il y a deux mois.

Silvia Cattori : S’agit-il selon vous d’un assassinat combiné entre services israéliens et services palestiniens ? Si oui, les militants désignés par Israël, sont-ils maintenant doublement menacés ?

Omar : Exactement ! Nous, comme peuple, nous ne sommes pas directement visés par ces assassinats. Mais les leaders du Hamas ou du Djihad recherchés par Israël, eux, sont plus que jamais menacés.

Silvia Cattori : Menacés de l’intérieur ?

Omar : Menacés par Israël, mais malheureusement avec la collaboration de Palestiniens.

Rashid Abou Shabak, chef
de la Sécurité préventive

Silvia Cattori : Ces collaborateurs ont-ils un nom ?

Omar : Après l’assassinat de leur leader, Abu Abeer, le porte-parole des brigades Salah Ed Deen, a accusé Mohammed Dalhan et Rashid Abou Shabak, le chef de la sécurité préventive, ainsi que Mash’ Harawi, un membre du Fatah, et Tareq Abou Rajap, un membre des services secrets. A mon avis, Abou Abeer a fait une grave erreur de les désigner par leurs noms.

Silvia Cattori : Une erreur pour lui-même ?

Omar : Pour lui-même et pour le peuple. Il n’aurait jamais fallu citer les noms de ces personnes. Il sera sans doute assassiné lui aussi. Tout de suite après, ils ont tiré sur lui et l’ont raté. Cette déclaration a mis le feu aux poudres. Durant l’enterrement d’Abu Youssef Al Queqa, il y a eu une bataille de rue entre les gens d’Abu Abeer et des gardes du corps de Nabil Tammous, qui appartient aux escadrons de la mort créés, à l’origine, par Mohammed Dalhan. Trois personnes ont été tuées, vingt ont été blessées. Les gens du Hamas sont intervenus pour les séparer et ont réussi à faire cesser l’accrochage.

Silvia Cattori : Que va faire le gouvernement du Hamas pour éviter que d’autres incidents de ce genre n’arrivent ?

Omar : Il a annoncé qu’il n’est plus possible de porter des armes dans la rue sans autorisation.

Silvia Cattori : Alors, les hommes de Mohammed Dahlan devront s’aligner ?

Omar : Oui. Ils ne seront plus au dessus de la loi. Nous espérons tous ici que ces gens là seront jugés le plus tôt possible.

Silvia Cattori : Le dossier des trahisons va-t-il s’ouvrir bientôt ?

Omar : Je l’espère. Tout comme le dossier des collaborateurs.

Silvia Cattori : Croyez-vous que les personnes visées vont se laisser arrêter et juger sans coup férir ?

Omar : Vous savez, le peuple en a assez de tous ces traîtres, de tous ces collaborateurs, et de « ces escadrons de la mort ». Ces gens là continuent de jouer avec les vies du peuple. Ils ont empoisonné la vie des honnêtes palestiniens durant des années. Tout le monde espère que le présent gouvernement réussira à les punir selon la loi.

Silvia Cattori : Voulez-vous dire que les gens sont prêts à dénoncer les collaborateurs nommément ?

Omar : Il y a des collaborateurs qui sont connus - l’un avait même le statut de général - mais ils étaient jusqu’ici protégés par des gens de l’ex-Autorité palestinienne. Des collaborateurs très connus que, malheureusement, les accords israélo-palestiniens protégeaient.

Silvia Cattori : Jusqu’à ce jour ?

Omar : Maintenant que le gouvernement est en place, nous sommes sûrs que les nouvelles autorités ne vont plus continuer à les protéger. Je pense que, si ce dossier s’ouvre, ils vont s’enfuir en Israël ou ailleurs à l’étranger.

Silvia Cattori : Ce que vous dites est très grave. Au dehors, les représentants de l’OLP continuent de parler de la nécessité de respecter les accords d’Oslo !

Omar : Les représentants de l’ancienne autorité ne vivent pas sous la menace permanente d’Israël, mais dans des résidences luxueuses ; leur train de vie absorbe des millions de dollars qui nous manquent ici. Ils sont très éloignés de la souffrance réelle de notre peuple qui vit sous la terreur. Israël veut négocier par le dictat et nous devrions obéir, reconnaître son existence pendant qu’il nie la nôtre ? J’espère qu’un jour viendra où ces gens qui ont composé avec l’occupant, se rendront compte de ce que cela veut dire les négociations avec Israël, quand on vit au nord de Gaza, à Jenin, à Hébron, à Naplouse, constamment sous opérations militaires.
J’espère que le jour viendra où tous ces gens, qui ont collaboré d’une façon ou d’une autre, seront jugés et emprisonnés ; et que Dieu aide notre gouvernement à protéger les Palestiniens du mieux qu’il peut.

Silvia Cattori

Entretien traduit de l’arabe